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Sujet: Voyage en solo vers l'île des cauchemars Ven 17 Déc - 22:25
-Waaaaaaaaaaaaaaaaah! J'vais finir à l'eau si ça continue!
Au beau milieu d'une effroyable tempête, un minuscule voilier était malmené par des flots dont le tumulte dépassait de loin les habituels orages qui étaient pourtant monnaie courante dans cette région de South Blue. Le frêle esquif était agité dans tous les sens et ne semblait pas peser plus lourd qu'un brin de paille, tant la force du courant le ballottait sans répit. Neptune était déchaîné. Sur la petite embarcation, un oeil attentif aurait pu distinguer une silhouette qui tentait tant bien que mal d'échapper au naufrage. Sous un véritable déluge, l'homme se cramponnait de toutes ses forces à son bateau, priant pour que celui-ci résiste au courroux de l'océan. Il fixait avec une angoisse grandissante les vagues bouillonnantes d'écume qui venaient s'écraser contre la coque de l'embarcation: il ne semblait que peu enclin à profiter d'un bain dans ces eaux sombres et glacées. Tout à coup, son visage s'éclaira, signe que l'espoir était revenu dans son coeur. En effet, le voyageur venait d'apercevoir, au loin, une forme sombre qui rappelait celle d'une île. Il comprit rapidement que sa seule chance de survie serait de braver la mer et d'accoster en urgence sur ces côtes inconnues avant qu'il ne se fasse broyer par une vague meurtrière. Malheureusement pour lui, son navire n'atteindrait jamais sa destination: une vague de plusieurs dizaines de mètres de haut vint s'écraser sur l'esquif, le réduisant en miettes en quelques instants. Lorsque les éléments eurent fini de tourmenter les flots, les seules traces visibles de ce qui s'était passé se résumaient à quelques morceaux de bois flottant à la surface, derniers vestiges du petit voilier. Il n'y avait plus aucun signe de son passager.
*******************************
-Oi! Tu fais quoi, Dev-chan? On va être en retard!
Mary s'élança dans les couloirs du centre de formation. Elle était tout excitée et cela pouvait se comprendre: elle avait tant attendu la première fois où les cadets partiraient en mission. Leur destination était une petite île de South Blue au nom obscur et ils avaient pour tâche de simplement répertorier la faune locale. En effet, les cadets n'étaient bien sûr pas envoyés vers des destinations dangereuses, celles-ci étant réservées aux Marines chevronnés, mais les jeunes recrues de la Justice étaient assez souvent employés comme agents de terrain pour la recherche scientifique. Devlin, qui suivait son amie d'un pas lent et résigné, n'avait pas vraiment l'air réjoui: cette mission s'annonçait fastidieuse et ennuyeuse à en mourir. Qu'y avait-il d'intéressant à noter le nom de chaque FOUTUE créature de cette FOUTUE île dans un FOUTU carnet?! Bref, une fois encore, il ne pourrait étancher son éternelle soif d'aventure. Lui et les autres membres de sa promotion -soit une centaine de cadets dont la moyenne d'âge ne devait pas dépasser les treize ans- embarquèrent finalement sur un navire de la Marine. D'ordinaire, Devlin affichait un sourire radieux chaque fois qu'il prenait la mer car il se sentait vraiment dans son élément lorsqu'il observait les va-et-vient de l'océan, qu'il sentait le roulis du bateau le bercer doucement et qu'une brise marine lui caressait doucement la joue, lui procurant une sensation d'infini bien-être. Cependant, en cette fraîche journée de printemps, il affichait un air inquiet; il avait un mauvais pressentiment.
Après un voyage sans histoire, ils arrivèrent enfin sur les côtes de la fameuse île. Devlin, pour qui la mission n'avait pas commencé de la meilleure des manières, eut un regain d'intérêt à la vue de l'immense forêt, touffue à souhait, qui se dressait devant la compagnie. D'après ses observations, elle recouvrait la majeure partie de l'île et devait regorger de formes de vie à répertorier. Le jeune homme poussa un long soupir. Mary, quant à elle, ne tenait plus en place et il dut plusieurs fois la retenir pour l'empêcher de partir explorer seule les confins de cette jungle. Les jeunes Marines furent ensuite répartis par groupes de trois. Inséparables comme toujours, Devlin et Mary apprirent qu'ils allaient faire équipe avec un certain Wulfric. Ce garçon devait avoir un peu plus de quatorze ans, ce qui faisait de lui le plus âgé du groupe, sans qu'il en fût pour autant le plus sensé. Issu d'une famille plus qu'aisée, ce fils à papa dont la suffisance n'avait d'égale que la stupidité se croyait promis à un bel avenir au sein des Forces de la Justice -et il avait en quelque sorte raison car sa fortune colossale lui ouvrirait bien des portes à l'avenir.
Les trois jeunes gens se dirigèrent vers le sud, prêts à inspecter minutieusement chaque recoin de la zone qui leur avait été affectée. Ils s'enfoncèrent toujours plus profondément dans la sylve, sous la désagréable conduite de Wulfric, autoproclamé chef d'équipe pour l'occasion. Une fois sur place, l'insupportable adolescent se coucha sur le sol, la tête appuyée contre un rocher couvert de mousse, et regarda ses deux équipiers s'atteler à leur tâche. Devlin éprouva à ce moment donné une furieuse envie de lui coller son poing dans la figure mais il ne voulait pas gâcher la bonne humeur de Mary. La jeune fille rayonnait tandis qu'elle notait soigneusement le nom de chaque espèce d'oiseau qu'elle rencontrait. Devlin sourit en se disant que ce boulot devait être fait pour elle, tant elle paraissait passionnée par ce qu'elle faisait en cet instant.
-Bon, dépêchez-vous, une personne de mon statut ne devrait pas rester aussi longtemps dans un endroit si peu distingué, en plus je m'ennuie à mourir, ici! lâcha Wulfric.
Pour Devlin, c'en était trop.
-Si tu t'ennuies tellement, t'as qu'à venir nous aider au lieu de bayer aux corneilles!
-Qu'as-tu dit, roturier?
-Le roturier te dit que tu vas t'en prendre une si tu bouges pas tes fesses!
-En garde, manant!
Les deux garçons s'apprêtèrent à se battre. Devlin n'avait pas le moins du monde l'air impressionné par la taille imposante de son adversaire, qui malgré ses quatorze printemps devait faire plus de deux têtes en plus que lui. Il se mit en garde, sans trembler un seul instant, tandis que Wulfric posait sur lui un regard qui traduisait toute son aversion et son mépris. Le fils à papa sonna alors la charge par un grand coup de pied que Devlin, en dépit de toute sa détermination, ne put qu'encaisser. Il fut déséquilibré et roula pitoyablement sur le sol. Après avoir envoyé au tapis un adversaire de trois ans son cadet, Wulfric se mit à fanfaronner encore bien plus que d'habitude. Devlin se releva lentement puis, en un éclair, son poing percuta la lèvre supérieure de Wulfric et l'envoya valdinguer. Il s'apprêtait à le frapper de nouveau lorsqu'un cri strident interrompit son geste.
-ARRÊTEZ!
Jordison D. Devlin
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Sujet: Re: Voyage en solo vers l'île des cauchemars Mar 21 Déc - 18:51
Devlin regarda celle qui venait de mettre fin à leur combat. Mary les fixait, les larmes aux yeux, affichant un air à la fois furieux et horrifié. Devlin resta immobile, les bras ballants, honteux de s'être ainsi laissé emporter par ses émotions. Il tenta de balbutier quelque excuse mais son adversaire ne lui en laissa pas le temps: à la stupéfaction générale, il venait de sortir de sa veste un petit pistolet. L'arme était certes de taille réduite pour avoir pu être dissimulée de cette façon mais elle n'en était pas moins létale. Wulfric tenait à présent en joue celui qui avait eu l'outrecuidance de le défier: il devait payer cet affront de sa vie. Les deux jeunes hommes se faisaient face, sous les yeux d'une Mary que l'impuissance plongeait dans une détresse qui faisait peine à voir. Tous trois restèrent figés pendant un moment tandis qu'un silence de mort s'installait sur les lieux. L'atmosphère devint de plus en plus pesante jusqu'au moment où Devlin parvint à prononcer quelques mots. Il entra alors dans une colère folle, bientôt imité par Mary.
-T'es complètement barge, ma parole! Et bordel, d'où est-ce que tu sors ça?!!
-Range cette arme tout de suite! renchérit Mary. Tu...
-Il suffit! coupa sèchement Wulfric. Toi... toi, je vais te faire payer ce que tu as osé me faire subir! A GENOUX!
Devlin n'eut d'autre choix que de s'exécuter. Il posa un genou à terre, soutenant toujours le regard de son aîné. Son cerveau avait beau tourner à plein régime, il ne trouvait aucune tactique, aucun plan qui aurait pu lui permettre de s'en sortir sain et sauf. Il ne put s'empêcher de montrer son dégoût à la pensée que sa vie était à présent entre les mains de cet abruti de Wulfric. S'il avait été libre de ses mouvements en cet instant, il lui aurait certainement arraché la tête! C'est alors que Mary s'interposa. Elle se plaça entre les deux jeunes hommes, les bras écartés, une détermination sans faille brillant au fond de ses pupilles. Wulfric semblait dépassé par la situation et l'instrument de mort qu'il tenait au bout de son bras tremblant était désormais pointé vers la poitrine de la jeune fille. Il grommela une ou deux insultes envers Devlin puis recula lentement avant de lancer d'un ton qui trahissait son aversion pour ses deux équipiers:
-Vous deux, vous ne perdez rien pour attendre!
Et il s'enfonça dans la jungle, laissant là ses deux camarades. La tension retomba peu à peu et Devlin se laissa choir sur le sol. Ils échangèrent quelques regards qui en disaient long sur leur mal-être. Il aurait tout donné pour trouver une excuse à présenter à Mary, un commentaire à faire sur ce qui s'était passé, n'importe quoi pour briser le lourd silence qui venait de reprendre ses droits après leurs éclats de voix. En dépit de tous ses efforts et bien qu'il pût formuler des phrases dans sa tête, les mots peinaient à sortir de sa bouche. Il ne semblait plus capable de s'exprimer autrement que par monosyllabes et, après quelques tentatives infructueuses, il replongea dans le silence. Mary finit par se lever: il fallait retrouver leur équipier. C'était bien la dernière chose que Devlin voulait faire mais il ne savait pas dire non à son amie et, de toute façon, ils n'allaient pas rester là indéfiniment! Ils se mirent donc en route et explorèrent la jungle, à la recherche de l'insupportable fils à papa.
Leurs pas les menèrent à une sorte de large fente dans la roche, en plein milieu de l'île. Ce trou devait déboucher sur une caverne et il était certain que Wulfric y était entré: un morceau de son uniforme était toujours accroché à une proéminence rocheuse. Sans se demander un seul instant ce qui avait bien pu pousser ce garçon à pénétrer dans cet antre sombre où régnait une obscurité absolue, ils y entrèrent à leur tour. Comme ils étaient incapables de distinguer quoi que ce soit dans les ténèbres environnantes, ils allumèrent une torche. A leur grande surprise, sa flamme vacillante ne leur servit que durant une poignée de minutes car ils débouchèrent rapidement sur un endroit où régnait une magnifique lumière tantôt bleutée, tantôt tirant sur le rose. Ils se trouvaient à présent dans une immense grotte dont personne n'avait soupçonné l'existence. On pouvait y voir comme en plein jour grâce à une large cavité remplie d'eau qui se trouvait devant eux, en plein centre de la caverne. En y regardant de plus près, ils se rendirent compte que le fond de ce lac souterrain était couvert de cristaux et que l'excavation se prolongeait jusqu'au dehors. Ces milliers de miroirs prismatiques devaient capter la lumière extérieure et la rediriger, par toute une série de réflexions et de réfractions, jusqu'à faire briller de mille feux la petite étendue d'eau. Celle-ci éclairait alors de ses sublimes reflets irisés la grotte dans laquelle se trouvaient les deux cadets de la Marine. Ils restèrent ébahis par le somptueux spectacle qui se déroulait devant eux, contemplant avec toujours plus d'admiration les lumières qui dansaient sur les murs.
Ils avaient presque oublié ce qu'ils étaient venus faire dans cet endroit, tant la volupté de cet instant semblait avoir emporté leurs êtres et leurs âmes. Soudain, Mary secoua son compagnon et l'arracha aux songes que ces jeux de lumière avaient fait naître dans son esprit. Ils continuèrent à avancer avant d'apercevoir une forme sombre sur le sol de la grotte. Mary poussa un cri aigu lorsqu'elle comprit qu'il s'agissait de Wulfric. Devlin s'élança vers lui et commença à lui donner les premiers soins. Il avait, semblait-il, été passé à tabac par des êtres doués d'une force physique phénoménale. Il avait en effet plusieurs côtes brisées ainsi que de multiples hématomes qui couvraient l'entièreté de son corps. Quelle que fût la créature à l'origine de ce massacre, elle ne devait avoir rien d'humain pour s'être ainsi acharnée sur le pauvre Marine. Devlin aurait presque eu pitié du malheureux, s'il ne l'avait pas à ce point détesté. Il fit alors une grimace de dégoût en voyant le visage complètement ravagé de Wulfric. C'est à ce moment précis qu'il ouvrit les yeux: par on ne savait quel miracle, il avait survécu au carnage! Il réussit même à murmurer quelques mots:
-Les... singes, dit-il dans un souffle, avant de replonger dans l'inconscience.
Devlin, qui n'avait pas vraiment compris le sens de ces mots, se tourna immédiatement vers Mary. Le puits de science qu'elle était devait bien avoir une idée de ce que signifiaient ces paroles.
-Des singes? Quoi, des singes? Tchhhhhh, il savait pas être plus clair?
Il remarqua alors que son amie avait le teint livide. Elle tremblait de tous ses membres et c'était bien la première fois qu'il la voyait dans un tel état d'effroi. Il l'interrogea du regard sur la cause de son émoi.
-Les... les singes, dit-elle d'une voix tremblante: elle était sur le point de fondre en larmes.
-Tchhhhhhhhhh, tu vas pas t'y mettre aussi! C'est quoi à la fin cette histoire de singes?! s'emporta Devlin.
Ces paroles eurent pour effet de faire retrouver son calme à la jeune fille.
-C'est bien ce que je pensais, reprit-elle. Il me semblait bien avoir entendu des cris tout à l'heure, quand vous vous êtes battus, mais je pensais avoir seulement rêvé. Nous sommes sur une île infestée de singes catcheurs. C'est une espèce proche des singes boxeurs d'East Blue, mais dix fois plus violente, que le Gouvernement Mondial avait fait exterminer il y a plusieurs décennies car ils s'en prenaient aux voyageurs. Selon la légende, ils ont même massacré un Colonel et tout son équipage. Ce doit être eux qui ont traîné Wulfric jusqu'ici et qui l'ont amoché, ils défendent leur territoire, tu comprends? Et je crois que cette grotte se situe en plein dans la zone qu'ils protègent!
Tout à coup, elle se tut. De sinistres cris de bête résonnaient dans la grotte.
-Ils arrivent!
Jordison D. Devlin
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Sujet: Re: Voyage en solo vers l'île des cauchemars Mer 5 Jan - 17:49
Les cris se rapprochèrent de plus en plus et ils eurent bientôt sous les yeux les auteurs du carnage. Ces ignobles bêtes ressemblaient à des gorilles effroyablement grands, atteignant pour la plupart les trois mètres de hauteur. Ces monstres assoiffés de sang fixaient avec insistance leurs pauvres proies sans défense, leurs yeux jaunes emplis d'une envie de meurtre qui aurait donné la nausée au pire criminel de l'Histoire. De leurs bouches coulait à grands flots une bave répugnante qu'ils répandaient sur le sol en secouant rageusement la tête. Pourtant, en dépit de tous les détails terrifiants de leur apparence, Devlin ne put s'empêcher d'éclater de rire en les voyant: ils portaient chacun un masque bariolé représentant quelque sorte de divinité primitive et cet accessoire leur donnait au final l'air plutôt ridicule. La scène pouvait donc se présenter comme suit: les énormes primates se trouvaient à l'entrée de la caverne et s'agitaient en tous sens, prêts à réitérer le massacre à tout moment, tandis que, de l'autre côté du lac souterrain, une Mary terrifiée et impuissante gardait les yeux rivés sur les créatures diaboliques qui venaient de débarquer, tout en tenant dans ses bras le corps d'un Marine comateux en la personne de Wulfric. Et au milieu de tout ce joyeux bordel, il y avait un Devlin dont le fou rire n'était pas prêt de s'arrêter.
-MWAHAHAHAHAHA! T'as vu leurs gueules!
-Arrête un peu de te bidonner comme un âne! 'faut trouver un moyen de sortir d'ici en un seul morceau!
Un grondement semblable au bruit de pas d'une bête colossale l'empêcha de continuer. Le rire de Devlin s'estompa immédiatement et on put alors lire sur son visage l'expression de l'angoisse qui venait de s'emparer de lui. Ils n'avaient tout de même pas fait venir un Géant? Le jeune cadet se calma: il était bien évidemment impossible pour un être aussi grand de pénétrer dans cet endroit exigu. Il fut quelque peu rassuré mais le grondement qui se rapprochait faisait encore trembler tous ses membres. Il se demanda encore ce qui pouvait bien être à l'origine de ce son assourdissant puis il abandonna sa réflexion, se disant qu'il serait rapidement fixé. En effet, les rangs des singes se desserrèrent et les énormes bêtes firent bientôt place à une créature encore plus gargantuesque. Le gorille qui venait de faire son apparition était une montagne de muscles, au propre comme au figuré. Il portait un masque au moins deux fois plus large que ceux de ses congénères et décoré avec tout autant de mauvais goût. Son crâne raclait le plafond mais il avait l'air de ne pas vraiment s'en soucier. Il s'avança d'un pas lourd vers Devlin, qui eut juste le temps de remarquer la différence de taille avant de se prendre la plus grosse gifle de toute son existence.
Le gorille l'envoya valser contre une paroi et le craquement qui se fit entendre à l'impact n'annonça rien de bon. Le jeune garçon se releva miraculeusement, ses traits figés en une horrible grimace de douleur. Son dos le faisait incroyablement souffrir -il avait l'impression d'avoir été brisé en deux- et le choc avait été si violent qu'il n'arrivait plus à penser clairement. Il s'effondra lamentablement sur le sol, perdant presque conscience. Malheureusement pour lui, son adversaire n'allait pas s'arrêter en si bon chemin. Les yeux embués de larmes de douleur et de colère, Devlin ne put que sentir son pied être saisi par l'effroyable créature simienne qui semblait prendre un malin plaisir à torturer un adversaire déjà à moitié mort. Malgré le fait qu'il était à peine conscient, le cadet de la Marine ressentit chaque mouvement que lui faisait faire le monstre qui s'amusait à l'agiter dans tous les sens, comme un enfant l'aurait fait avec un jouet. Le gorille l'expédia à nouveau contre une paroi mais, cette fois, le choc fut encore plus terrible. En effet, s'il avait été accueilli auparavant par un mur bien lisse et incroyablement solide, sa seconde chute fut amortie par le seul végétal qui avait réussi à se développer dans cette caverne, soit un amas de ronces acérées. Le fait qu'il y ait atterri la tête la première n'arrangea rien: le côté droit de son visage fut déchiqueté, sa peau fut arrachée et il sut immédiatement qu'il allait être défiguré à vie.
Devlin concentra les dernières forces qui lui restaient pour demeurer conscient. Il réussit tant bien que mal à ouvrir son oeil gauche, le droit étant noyé sous un flot de sang. Le gorille harangua ses congénères qui accueillirent le grand final avec des cris tous plus bestiaux les uns que les autres. Le colosse saisit alors une étrange pastèque rose couverte de motifs en spirale et l'empala sur la tête de Devlin. Cette énième humiliation eut un effet inespéré sur le jeune garçon: lui qui n'avait pas été capable de bouger le moindre muscle depuis le début du combat, sembla retrouver une certaine vigueur. Sa bouche était à présent pleine de la chair de cette cucurbitacée, qui était sans doute la plus infecte qu'il lui eut jamais été donné de manger. Il extirpa rageusement sa tête ensanglantée du fruit et recracha ce qu'il avait sous le palais.
-POUAH! C'est vraiment dégueulasse! Et t'oses appeler ça une pastèque?!
Miraculeusement, ses forces lui revinrent peu à peu et avec elles son éternelle verve.
-Tchhhhhhhh, j'devais vraiment avoir l'air ridicule avec ce truc sur la tronche. Ca m'rappelle une blague débile que l'vieux Colonel avait l'habitude de raconter. Mary-san, tu te rappelles de la blague du mec à la tête de pastèque?
Devlin se souvint alors qu'il était en plein milieu d'un combat. Il croisa à nouveau le regard du gorille, qui avait l'air perturbé. Comment un avorton pareil avait-il pu survivre à ses assauts? La bête, furieuse, se martela le torse. En face d'elle, le jeune cadet était bien décidé à ne plus se laisser faire et, contre toute attente, c'est même lui qui sonna la charge. Il découvrit en ses membres une nouvelle force d'origine inconnue, différente de tout ce qu'il avait pu voir jusqu'à présent. Il se sentait plus rapide, plus puissant et ces sensations étaient accompagnées d'un irrésistible désir de broyer la gorge de son ennemi. Sans plus attendre, il se jeta sur le gorille qui poussa un horrible cri d'effroi. Devlin ne réfléchissait plus clairement, il obéssait simplement à son instinct. L'énorme singe tenta de se dégager mais le cadet le mordit, plantant ses crocs dans le cou de la bête. Celle-ci hurla de douleur avant de prendre la fuite en compagnie de ses congénères.
Mary, quant à elle, n'en croyait pas ses yeux. Elle venait de voir son ami de toujours se changer en une créature légendaire, une chimère censée n'exister que dans les livres d'histoires. Pourtant, il n'y avait aucun doute: l'espace d'un instant, elle avait vu un Nue sauter à la gorge du gorille et le mettre en déroute. La chimère -dont le corps était l'improbable hybride d'un singe, d'un tigre, d'un tanuki et d'un serpent- s'avança ensuite vers elle avant d'exhaler un épais nuage de fumée noire qui l'enveloppa entièrement. Lorsque la jeune fille put de nouveau y voir clair, le monstre avait disparu et quel ne fut pas son soulagement lorsqu'elle vit que son ami avait retrouvé son apparence.
Les trois jeunes gens revinrent finalement sur le bateau et des soins leur furent immédiatement apportés. Mary fit tout de suite un rapport à son supérieur et, après une longue convalescence, les deux garçons qui avaient vécu cette aventure avec elle furent complètement remis, à l'exception de Devlin dont les traits avait été si atrocement mutilés qu'il décida de porter un masque pour dissimuler la moitié droite de son visage. Il ne semblait pas vraiment s'en préoccuper et tout le monde s'habitua très rapidement à son nouveau look. De plus, il apparut que la mystérieuse pastèque rose n'était en fait autre qu'un des très convoités Fruits du Démon et que les pouvoirs qu'elle avait conférés à Devlin en faisaient un élément des plus prometteurs. Quelques mois après son affrontement avec les singes, Devlin reçut plusieurs décorations récompensant ses mérites, notamment dans le domaine du combat.
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