- Rencontre avec la culture -

- Chapitre 1 : Bonjour nouveau monde -

Le ciel d’un bleu pale était clairsemé de quelques nuages de taille minime vis-à-vis de cette vaste étendue dans laquelle ils voguaient insouciamment. Une légère bise soufflait les vagues qui formaient des creux gigantesques, c’est dans un de ces creux justement que se trouvait ce qui pouvait s’apparenter à une petite tache noire, vue du ciel. Celle-ci était bousculé par les vagues toutes plus grandes les unes que les autres, manquant de la faire chavirer à chaque fois. En s’approchant de plus près, cette tâche noire se définissait, et permettait même de lui donner un nom, celui de bateau, enfin encore faut t’il que l’on puisse le qualifier comme tel au vue de cet étrange aspect qu’il avait. Sur ce qui pouvait être qualifié de pont, se trouvait une silhouette morne et aux signes de vie quasiment inexistants. Ce jeune homme n’était personne d’autre que Misewary, jeune pirate en devenir regrettant amèrement sa fougue maintenant …

Le visage pâle, les yeux cernés et un léger filet de bave gouttant par-dessus la rambarde, il avait perdu de sa fraicheur de la veille qui faisait de lui le roi de cet océan. Mais il fallait être réaliste, la vie en mer était bien différente de ce qu’il avait imaginé, lui, un gars qui n’avait jusqu’alors jamais mis un pied à plus de quelques mètres de son ile natale pour vérifier que l’embarcation ne prenait pas l’eau. Son estomac semblant trop plein malgré qu’il n’ait pas mangé depuis la veille, ses boyaux tordus dans une sorte de nœud éternel … c’était un véritable calvaire pour le vaillant jeune homme vivant une des parties de sa vie la plus amère à ce moment précis. Il retira sa tête d’au dessus de l’océan et s’allongea de tout son long sur le pont à peine plus grand que lui vêtu d’une grande voile noire sensée être sa fierté, mais qui pour le moment n’était rien de plus que la signature de son calvaire commençant.

- J’vais mourir … balbutia t’il lentement alors que son estomac commençait à gronder suite à ces deux jours de purge intense.

Ce ne fut non pas sans difficulté qu’il se mit sur ses deux pieds et commença une avancée houleuse sur le bateau balancé de tous les cotés, avec pour bâton de marche son arme quelque peu rabaissée depuis qu’il s’est lancé dans cette épopée. Arrivé à l’étage inférieur l’obligeant à plier les jambes à cause de son plafond peu haut, une odeur nauséabonde se fit sentir dans cette pièce qui lui servait de chambre à coucher. Il n’avait jamais rien senti de telle, et son envie de vomir reprit de plus belle. Il commença son avancée vers l’étage inférieur, et découvrit avec horreur la triste réalité d’une température clémente. Les deux tonnes de viandes de Mammouths blanc du Bengale étaient couverte d’une espèce de peau verte et poisseuse, alors que l’odeur lui léchant les narines lui fit rendre une nouvelle fois une bile blanchâtre sur ces restes en décompositions.

Des yeux débordants de larme, il du se résoudre à jeter par-dessus bord cette denrée providentielle à sa survie en maudissant comme il se devait ce destin fumant qui semblait prendre un malin plaisir à lui mettre des bâtons dans les roues.

- Pauvre de moi, maman … j’aurai du t’écouter, se susurra t’il alors qu’il déprimait dans un coin du pont complètement recroquevillé sur lui-même en repensant à la rage de sa mère nageant avec vigueur derrière lui alors qu’il prenait la fuite, après 2 miles il réussit néanmoins à la semer … une vrai force de la nature cette femme.

Comme pour compléter sa poisse jusqu’alors totale, la bise s’essouffla lentement, laissant la voile mollement retomber et freinant littéralement la course du bateau. Le bon coté, les remous de l’océan stoppèrent toute activité atténuant grandement le mal de mer dont était sujet le pauvre balafré complètement blasé, entouré des morceaux de viande balancé par-dessus bords quelques minutes plus tôt. Ceux-ci attirèrent les poissons du coin qui commencèrent à se gaver de cette viande des plus rassies et malodorantes.

Le soleil commença sa descente pour laisser place aux abimes et à la tiédeur de la nuit. Misewary, complètement déprimé par sa situation préféra lui aussi aller se coucher. Mais quel ne fut pas sa surprise lorsqu’il se redressa sur le bateau bien calme maintenant. Toute la viande avait disparut pour laisser place à une centaine de poisson agonisant, la chance lui souriait enfin. Des yeux pleins d’étoile, les babines bavant à l’idée d’un tel festin, il commença à arracher de l’océan ces poissons bien mal en point et ne pouvant rien faire face à la bête tiraillée par la faim. Une fois le pont débordant de ces victuailles, il descendit à l’étage inférieur, suivit d’une marée de ces proies s’engouffrant par la trappe sur le sol pour rejoindre le petit four de pierre qu’il avait monté. Après avoir enfumé la salle de repos avec la cuisson de ce met fin transformé en véritable aquarium, il passa à la dégustation gourmande de cette chaire tendre avec une délectation des plus incroyables pour un plat aussi banale, il pleurait de joie.

La peau du ventre maintenant bien tendu, la pièce pleine des restes de son repas, il resta assis un moment au bord de l’extase, oubliant presque cette journée tout à fait invivable. La fatigue le prit enfin et il s’endormit entouré des restes de ces amis. Il partit pour sa nuit, bercé par des rêves bien plus utopiques que tout ce qu’on pouvait trouver dans cette triste réalité.

Les heures défilèrent sous le couvert de la lune qui régnait en maitre dans cette nuit étoilée. Lorsque le soleil reprit enfin sa gouverne, Misewary fut enfin réveillé par un choc brusque et passablement violent qui le recouvra des cadavres de la veille. Un peu à coté de la plaque, il se rappelait à peine d’où il était et ne comprit pas ce qui arrivait. Un léger brouhaha se faisait entendre à l’extérieur et extirpa le jeune homme encore couvert de quelques restes de poissons de sa cabine.

Sa tête sortit, il vit alors la chose la plus merveilleuse depuis son départ, la chance avait enfin tournée en sa faveur. Il avait heurté le ponton de pierre surplombant de haut son navire, encadré par deux vaisseaux de guerre géants à la coque bleu et aux voiles blanches avec le sigle « Marines » écrit dessus. Les yeux pleins d’étoile, il s’extirpa de la cabine avant de se lancer à l’assaut de cette terre nouvelle et promettant de grandes aventures, du moins, il priait pour que ce soit le cas.

- Chapitre 2 : Un lieu chaleureux -

La rumeur du peuple qui s’éparpillait dans les rues de la grande cité vint susurrer rapidement aux oreilles du pirate en devenir trop heureux d’enfin revoir du monde pour essayer d’entendre ce qu’il se racontait dans les environs. Tel un jeune adolescent qui découvre son corps, l’homme à la balafre regardait partout autour de lui les yeux traversés d’une lueur de profond bonheur. Tout ici était nouveau pour lui, la terre stérile à la glace éternelle avait été remplacée par ces grandes artères pavées d’une couleur rouge des plus chaleureuses, les géants nordiques étaient devenus des hommes de taille tout à fais raisonnable, souvent plus petit que Misewary qui n’avait jamais connu de tel situation, et surtout habillés avec des vêtements tout droit sortit d’un monde loufoque pour le jeune aventurier, fini la fourrure pour unique style vestimentaire, diverses coiffes, robes et autres joyeusetés habillaient fièrement les passants que le jeune homme reluquanit sans aucune gène, attirant au final sur lui les regards inquisiteurs des personnes intéressées.

Chaque coin de rue réservait ses surprises et son lot d’admiration dans les yeux du garçon dont les deux derniers jours d’intenses calvaires semblaient avoir disparus de sa mémoire. D’un pas léger, il foulait le sol pavé avec un sourire béat d’admiration pour cette ville qu’il aimait déjà. Soudain, un son aussi étrange qu’excitant parvint aux oreilles du garçon, ce son n’était rien d’autre que de la musique, bien piètre au passage, chose que le jeune nordique ne connaissait point, du moins pas encore. En courant presque, il déambula devant l’homme qui tenait l’étalage à la recherche de client potentiel. Lorsqu’il vit arriver ce grand garçon au visage des plus niés, il jeta un coup d’œil inquiet au client en devenir, mais bon, un client est un client, et même si celui-ci avait l’air des plus suspect avec ses restes de poisson le saupoudrant partiellement, cela ne freina point le marchand pour qui le seul mot d’ordre était de vendre. Après tout, ce genre de zigoto était souvent le type de gaillard qu’on pouvait avoir sans trop se forcer.
« Oyé Oyé jeune homme, tu es tombé sur le bon étalage à ce que je vois. Que préfères-tu, les chaussures lumineuses des frères noirs ? Oh non, tu as plutôt une tête à aimer notre star locale, Peggy, la truie chanteuse,»conclut-il en secouant sous le nez de Misewary, occupé à titiller le den den mushi d’où émanait la mélodie grossière, un affable Tee-shirt à l’effigie d’une affreuse cochonne.

Le garçon releva les yeux vers le vendeur, qui se dit qu’une chose durant ce court instant, « JAKPOT ». Le regard brillant de milles lueurs, le nordique avait déjà retiré son manteau de fourrure sentant le poisson pour enfiler le Tee-shirt passablement hideux. Son regard fondit littéralement devant les chaussures aux semelles luminescentes alors qu’il retirait ses grosses bottes de fourrure puantes pour en enfiler ces chefs d’œuvres de l’humanité.
« Ohoh … je vois que nous avons là un connaisseur, » lança dans un grand sourire le marchand qui voyait déjà le garçon comme un porte monnaie ambulant alors qu’il commençait à refourguer tout un tas de trucs plus moches et inutiles les uns que les autres au grand gamin qui se tenait devant lui.

Une demi-heure plus tard, Misewary avait en sa possession une horrible paire de lunette rouge et verte aux verres tellement noircis que l’on ne pouvait plus voir au travers, un tutu soit disant tendance dans les environs, un faux tatouage de la Peggy sur chacune de ses épaules et enfin une ceinture avec pour boucle le portrait de la cochonne. Le vendeur jubilait alors qu’il était partit calculer le due de son client qui avait un look des plus ridicules maintenant. Le client justement, maintenant à la mode, semblait décidé à partir vers de nouveaux horizons et l’occasion lui en fut donnée, une délicate odeur vint lui lécher les papilles. Il se laissa donc tout naturellement guider par celle-ci alors que le marchand se retournait pour lui annoncer la note.

« 1233 Berry’s s’il vous plait … Monsieur ?? lança-t-il en réalisant que le client était déjà loin de son étalage. Hé reviens tout de suite espèce de voleur», commença t’il à beugler sans que le jeune homme lui prête attention trop concerné par l’odeur de nourriture environnante.

Ne pouvant abandonner sa marchandise au milieu de la rue, l’homme était devenu écarlate et grondait toute sa haine envers le jeune homme brillant de mille feux dans ses nouvelles baskets, laissant au marchand ses moumoutes malodorantes bien entendu.

Rapidement, les éclats de voix de l’arnaqueur quelques peu arnaqué ne résonnèrent plus dans la rue foulée par le pirate qui se laissait guider par son odorat, son nez semblant s’être transformé en groin. Très vite, il fut mené dans un cul de sac avec en son bout une énorme bâtisse écarlate, un gigantesque panneau de bois finement taillé en coeur, Misewary était bien placé pour le savoir, indiquait « Amor ». Devant la porte, un homme à la posture rigide coiffé d’une toque géante trônait avec un air dédaigneux alors que sa moustache toute en rondeur semblait secouée de toc régulier. Le jeune homme avança, il était sure d’une chose, son odorat, et celui-ci l’avait amené ici.

L’homme à la coiffe étrange regarda le drôle de zigotos avancer avec son nouveau look des plus étranges. Il se prosterna humblement devant cet homme qu’il avait considéré dès le premier regard comme une énergumène avant de commencer son discours.

« Bonjour mon bon monsieur, je vous prie de m’excuser, mais vous ne pouvez point rejoindre cet endroit. Vous ne disposez pas du minimum pour entrer dans notre établissement, veuillez donc bien repartir d’où vous revenez. »

Misewary le regarda d’un air stupide, il semblait ne clairement pas comprendre ce qu’il se passait, il commença donc à avancer en direction de la porte mais d’un coup de main dédaigneux l’impétueux gardien de ce lieu aux senteurs magiques le fit reculer.

« Allez, zou, tu dégages le clochard », conclut il avec des mots beaucoup moins charmant.

Il n’en fallait pas plus au pirate en devenir. D’un geste rapide il attrapa son arme accrochée dans dos et commença à la faire tourner entre ses doigts fins et habiles.

« Oula oula, tu comptes me faire mal à qui avec cette allumette ? dit-il en extirpant de sous sa toque un rouleau à pâtisserie en acier. Ici, celui qui fait la loi c’est m… »

Il n’eut pas le temps de finir ses mots que Misewary, dont toutes traces de béatitude avait disparut, siffla rapidement ses quelques mots.

« Herkulesi Strike … Fej »

L’homme vit s’abattre, impuissant, dans un revers extraordinaire la langue de bois de Misewary contre sa mâchoire. Il fut projeté avec une force insoupçonnée contre la porte avant de finir sa course dans l’établissement dans un grand brouhaha de bois brisés. Il avait certainement son compte, alors le charpentier rangea son arme comme si de rien n'était alors que les clients fuyaient le restaurant à grandes enjambées. Le pirate lui rentra dans l’établissement, l’intérieur, maintenant partiellement détruit, était très coquet lui aussi, tout de tapisserie rouge vêtu, tout était en forme de cœur ici. Le jeune homme s’installa alors confortablement à une des tables, maintenant désertes. Le chef des lieux, un vieil homme grisonnant à la tête perverse, observait la scène, et lorsqu’il vu son portier inconscient sur le sol il s’approcha de l’élément perturbateur d’une démarche assurée.

« Que puis-je vous servir mon chère monsieur ? »

- Chapitre 3 : Mamamia -

Attablé tel un roi, Misewary était de nouveau heureux, la douce odeur de mets onctueux cuisant à petit feu le détendait au plus haut point. Zieutant d’un regard curieux il découvrait cet intérieur avec des yeux d’enfant, il n’avait jamais rien vu de tel. Même dévasté par son gardien-cuisinier ayant servit de boulet, la pièce était pleine de charme, et cette couleur vivace qui l’emplissait donnait des étoiles dans les yeux au jeune homme, toujours observé par le maitre des lieux, un air quelque peu soupçonneux face au balafré voulant juste découvrir la nourriture servit dans ce lieu unique en son genre.

« Alors ? Que puis-je donc vous servir ? » Lança le chef qui commençait à perdre patience devant l’homme qui l’ignorait complètement, plus préoccupé du décor de son établissement que de sa personne.

Le pirate en devenir sembla redescendre sur terre, et ramassa une carte des menus trainant sur la table et commença à lire. On pouvait y trouver des noms tel que « Petit plaisir glacé », « Crevette de Lune et son nappage » ainsi que bien d’autres appellations laissant perplexes le garçon, n’ayant absolument aucune idée de ce que se trouvait être ces plats.

« Hum … je ne rien comprendre à ce truc, conclut-il en jetant la carte sur la table, apporté moi votre meilleur repas, ça fera l’affaire. »

Un léger frémissement de sa petite moustache montra que le cuisinier était plutôt agacé par le comportement de l’individu. Entre autre, la destruction d’une partie de sa salle de réception ne semblait pas l’avoir mis dans les meilleures conditions quant à sa patience, malgré que tout ce que veuille cet étrange garçon au tutu rose et au tee-shirt de Peggy soit de manger. Il se retira doucement vers la cuisine ou des éclats de voix commencèrent dans le même instant.

Attendant l’arrivée de la boustifaille, le client commença à jouer avec d’étranges objets qui s’offraient à lui, une fourche miniature et un petit objet tranchant encadraient l’assiette aux fins ornements d’or rose. Amusé par de tel objet, le temps qu’il dut patienter pour obtenir son plat passa rapidement sous le regard affligé du chef cuistot qui observait l’énergumène dans l’interstice de la porte et son bâti.

Après un moment assez long d’attente, le chef revint enfin. Le bras drapé d’un torchon d’un blanc de neige, celui-ci portait une assiette au contenu coloré qui laissait échapper une douce fumée blanche. Une fois à son niveau, l’homme prit la parole d’une voix puissante.

« Voici la spécialité de la maison, Jardin des saveurs excitantes. » dit-il en posant l’assiette devant le garçon qui bavait déjà à grand flot.

Observant avec délectation ce plat dont les mets fin aux couleurs variées avaient étés placés en cœur, le jeune homme ne remarqua pas la fine silhouette s’introduire dans la pièce d’un pas léger avant de s’installer au bar, ne semblant pas prêter attention aux débris ayant pris place dans la pièce ainsi qu’au corps du garde encore parcourut de petit spam dans son ko total. Le maitre des lieux, ne prenant pas la peine d’attendre une critique gastronomique pointue de son client, repartit sur ses pas et alla rejoindre la jeune femme tout de rose et blanc vêtue attablée au bar. Une conversation amicale fut débutée entre les deux individus.

Les papilles frémissantes d’excitation, le jeune homme plongea la petite fourche dans les tendres petits légumes cuits avec tout l’amour qu’ils méritaient avant d’entamer la dégustation les yeux pétillants de bonheur. La première cuillérée fut en bouche, l’homme commença à mastiquer bruyamment. Dans un premier temps, son visage radieux aux yeux pétillants laissa place à de petites larmes coulantes abondamment, et se fut la dégringolade. Son visage devint livide avant de prendre une teinte verdâtre …

« C’est dégueulasse … » suffoqua t’il lentement alors que de grosses perles de sueur se formaient sur son front.

Les deux au bar tournèrent lentement mais surement leur tête sur lesquelles s’étaient figée une intense stupéfaction mêlée à une horreur sans précédant, jamais personne ici n’avait prononcé un tel jugement sur ces plats dignes des plus grands rois. Sentant un lourd regard se poser sur lui, le jeune homme dont les poils tressaillaient sous l’emprise d’un mauvais pressentiment se tourna vers les deux autres personnes de la salle. Son intuition de mauvaise augure disparut aussi vite qu’elle était venu. La jeune demoiselle qu’il n’avait pas encore remarquée était une véritable déesse. Des courbes enivrantes dans son corsaire blanc et rose trop petit, des jambes longues et fine aux courbures parfaites couvertes de fin collant blanc, un visage d’ange mis en valeur par un maquillage pâle et serti par deux petits cœurs … c’était la première fois qu’il apercevait une telle créature. Loin étaient les souvenirs des femmes mi-homme de son ile natale.

Aucune réaction ne se fit lorsque, dans un geste voluptueux, elle se leva du petit tabouret qui soutenait ses fesses rebondies. Complètement fasciné par cette créature, il ne comprit rien à ce qu’il se passa. La jeune demoiselle disparut de son champ de vision pour se retrouver à quelques centimètres de son visage.

« Dégueulasse dis tu … ? » Souffla-t-elle d’une voix divine à l’oreille du garçon qui ne savait plus où donner la tête face à cette femme plantureuse qui se trouvait bien trop prêt pour qu’il reste de marbre alors que son tutu tombait en lambeau lentement sur le sol.

Sans savoir pourquoi, sans doute son instinct de survie, il recula la tête juste à temps alors qu’une lame siffla tranchant en deux son superbe tee-shirt fraichement récupéré aux dépends du marchand. Une blessure superficielle commença à saigner doucement sur son torse. Cette femme était une guerrière redoutable en plus d’être une somptueuse demoiselle. Il ne put esquiver son prochain coup qu’en interposant son gantelet, provoquant une explosion soufflant les vitres du restaurant et le propulsant au travers du mur dans un craquement sinistre. Il était de retour dans la rue, à plusieurs mètres du restaurant alors que la furie avait probablement été mise hors d’état de nuire par le souffle de l’explosion.

Le corps endoloris par son voltige impressionnant, il se releva difficilement et fit face au restaurant définitivement ruiné par son passage. S’apprêtant à repartir là d’où il était venu, le jeune homme eut la mauvaise surprise de retrouver la jeune femme au milieu du tas de grava, plus en colère que jamais.

« Désolé, mais je ne taperai pas sur une créature aussi splendide que toi, » conclut il en tournant les talons pour partir.

« Taper sur un faiblard dans ton genre me gène pas moi en tous cas … » Répondit la femme dont le regard était à présent noir.

Sans autre échange, elle se lança à la poursuite du pirate qui avait déjà la main sur son arme, prêt à se défendre face à la colère de la magnifique demoiselle.

- Chapitre 4 : Rose -

Le métal de la lame de bonne qualité appartenant à la bretteuse rencontra le bois sec et dure de l’arme de Misewary qui ne céda pas face à elle. Passablement surprise par une telle habilité avec une arme à l’allure si misérable, la jeune femme esquissa un léger sourire qui fit bondir le cœur du combattant malgré tout le sérieux de la scène. Elle avait un charme fou, et durant ce moment de répit, il put observer d’un peu plus près celle qui lui provoquait un désir si profond.

Ses cheveux roses étaient coiffés dans un style très particulier, elle semblait tout droit sortit d’un autre univers. Deux gros cercles de métal noir coiffaient le flan de sa tignasse en deux boucles d’envergure, alors que deux mèche tombait sur son buste bombé suivit de prêt pas sa queue de cheval tombante jusqu’au nombril. Ses sourcils froncés étaient très fins et encadraient des yeux d’un noir profond alors que son nez légèrement relevé lui donnait un air désapprobateur naturel.

Passablement gênée par le regard insistant du jeune homme sur elle, on cru apercevoir ses joues légèrement rosir, provoquant une colère d’autant plus grande à celle qui n’arrivait visiblement pas à contrôler ses émotions. Il semblait que la jeune femme n’était pas habituellement du genre à se laisser charmer aussi facilement par un simple regard insistant.

« Mais t’es qu’un pervers en plus … espèce de … espèce de … de …, ses joues rosissaient d’autant plus qu’elle se perdait dans ses mots, ne sachant à priori plus quoi dire. Je … je … je vais te tuer », finit elle enfin par rugir le visage plus rouge que jamais alors qu’une légère veine battait au dessus de sa tempe maintenant.

Sa lame se leva haut dans l’air prête à frapper une nouvelle fois. Misewary, ne comprenant rien à ce qu’il se passait et au pourquoi elle fulminait de la sorte, profita d’une ouverture laissée dans la garde de la jeune femme qui semblait grandement troublée par quelque chose qui le dépassait totalement pour mettre un terme à ce combat.

" Herkulesi Strike … Melltartókat »

La Rikító nyelv fendit l’air verticalement, accrochant au passage la garde du Katana de la jeune femme qui, avec des yeux écarquillés, vit son arme lui échapper des mains dans un grand moulinet. Levant son bras sans réelle vigueur, le pirate s’empara du Katana de son ennemi alors que celle-ci grondait déjà comme une chienne enragée.

« Mais … mais tu n’as pas le droit de faire ça espèce de scélérat, commença t’elle à beugler en gesticulant comme une folle. Rends moi ça tout de suite, je te l’ordonne. »

Misewary la regardait avec un sourire des plus narquois, elle était enfin à sa merci. Un petit rictus se formait au coin de ses lèvres jusqu’à se transformer en un éclat de rire à gorge déployé devant le jeune qui aux cheveux rose qui fulminait plus que jamais.

« Te le rendre … hum … je ne pense pas, » conclut il en reprenant son rire joyeux avant de ranger son arme dans son dos.

Excédée par autant de moquerie, la jeune femme bien que désarmée s’approcha d’un pas conquérant de l’homme pour tenter de récupérer son arme. Après maintes tentatives lamentablement échouées, la jeune femme grommelait recroquevillée sur elle-même au pied d’un mur alors que le pirate regardait l’arme qu’il venait d’acquérir. Il faut dire qu’outre sa taille relativement importante, Misewary disposait d’une agilité à toute épreuve, et récupérer cette lame ne s’avérait pas aussi simple que prévu pour la demoiselle.

Quelques minutes passèrent ponctuées par les grommellements de la jeune femme qui ne savait plus quoi faire pour récupérer cette lame qui lui tenait tant à cœur. Le pirate la tenait d’une main ferme alors que la lame disposait simplement sur son épaule. Il reprit la parole d’un air détaché, mais non pas satisfait de tenir comme il se devait celle qui l’avait agressée sans aucune raison.

« Je te la rendrai ne t’en fais pas, mais il faudra que tu sois patiente et que tu te calmes, je sais qu’à la moindre occasion tu me réattaquerais si je te la rendais. »

Le regard de la jeune femme se noirci d’avantage, il la prenait définitivement pour une faiblarde dont il faisait ce qu’il voulait. Néanmoins, si il y avait une chose qu’elle savait faire c’était manipuler les hommes et obtenir ce qu’elle voulait. Elle se releva telle une tigresse et s’approcha d’une démarche féline de sa proie qu’elle effleura du bout du doigt avec un air aguicheur.

« J’aime les hommes comme toi tu sais, laisse moi te payer un verre veux tu ? » conclut elle en appuyant ses mots d’un petit clin d’œil aguicheur.

La jeune demoiselle avait maintenant prit les devants et avançait d’un pas tout en volupté. Misewary lui restait un peu surpris face un tel revirement de situation et surtout …

« Me payer quoi ? » se susurra t’il sceptique car ne connaissant pas cette expression. C’est donc bêtement qu’il suivit la somptueuse créature qui avait déjà bien avancé.

Ils marchèrent durant une bonne heure, et c’est sous un regard curieux du jeune pirate que les quartiers de jolies maisonnettes bordées par des restaurants de grandes renommées se transformèrent en des quartiers plus malfamés peuplés d’étranges énergumènes se rapprochant un peu plus du pirate. Les restaurants, quand à eux, laissèrent place à des bars débordants de monde et dont la fumée s’extirpant de ceux-ci faisait toussoter légèrement le combattant. Ils rentrèrent enfin dans un des établissements, celui ayant l’air d’être le moins fréquentable du monde.

La jeune femme, rentrée dans le bar, cherchait du regard le bar qu’elle trouva rapidement. Suivie de son compagnon, ils s’installèrent devant le tavernier au bras épais comme les troncs de jeunes arbres et au crâne dégarni. Un air froid imprégnait son visage couvert d’une épaisse broussaille. Misewary senti que tous les regards se braquèrent sur eux, la clientèle constituée en parfaite majorité d’homme, la jeune femme l’accompagnant réveillait la plupart des gaillards à moitié endormis.

« Qu’est c’qu’j’vous sers les jeunes ? » Lança-t-il sans vraiment leur apporter de réelle attention aux deux clients.

« Deux bouteilles de saké l’ancien je te prie » lança t’elle avec un clin d’œil.

Deux bouteilles blanches leurs fut apporter et la jeune femme l’attrapa instantanément la levant à hauteur de Misewary toujours pas installé.

« Kenpai » conclut elle en tapotant dans la bouteille qui lui était destiné avant de porter le goulot à sa bouche et de boire à grande gorgée.

Le pirate attrapa lui aussi la bouteille et but d’une traite celle-ci. Son visage était livide lorsqu’il reposa la bouteille sur le bar, ce n’était clairement pas à son gout et la nausée semblait déjà le prendre.

« Tien, je ne me suis pas présentée, moi c’est Rose. » dit elle avec un grand sourire à l’homme au visage ayant prit une nouvelle fois une teinte verdâtre.